Pêches et Océans Canada: pour rétablir le capelan et la morue du Nord, nous devons suspendre la pêche commerciale au capelan


HALIFAX, Nouvelle-Écosse, 04 avr. 2024 (GLOBE NEWSWIRE) -- Mi’kma’ki, territoire traditionnel non cédé du peuple Micmac -- Pêches et Océans Canada (MPO) a rencontré aujourd'hui des représentants de l'industrie de la pêche, des détenteurs de droits autochtones, des chercheurs et des groupes environnementaux, dont Oceana Canada, afin de discuter du quota de pêche de cette année pour la pêche au capelan (zone 2J3KL de l'OPANO), une espèce gravement épuisée qui alimente les écosystèmes marins de Terre-Neuve-et-Labrador. Cette décision survient après le retrait du capelan de la zone critique en raison de l'abaissement du seuil déterminant cette zone, et non dû à une hausse de poissons. Oceana Canada présente ci-dessous les mesures à prendre pour rétablir cette pêche vitale.

En bref: La biomasse de capelan n'est plus qu’à 9 % de sa valeur historique; elle doit se rétablir afin de préserver l'océan, la vie marine et la santé des communautés côtières. Le point de référence qui définit le seuil à partir duquel la population peut être considérée comme gravement épuisée a été abaissé de 640 à 155 kilotonnes, ce qui place désormais le capelan en zone de prudence. Cette mesure fait suite à une évaluation scientifique révisée de la morue du Nord, ce qui a incité certains acteurs de l'industrie de la pêche à demander une augmentation des quotas de pêche commerciale au lieu de permettre au capelan de se rétablir jusqu'en zone saine.

Le capelan n'a pas réussi à se rétablir de façon adéquate depuis 32 ans. En tant que membre participant du Comité consultatif du MPO sur le capelan 2J3KL, Oceana Canada recommande de suspendre la pêche jusqu'à ce que des mesures de gestion soient établies pour favoriser le rétablissement du capelan et assurer la santé à long terme de l'écosystème océanique.

Citation: « Une saine gestion de la pêche vise à maintenir des populations en bonne santé, et non les gérer à la limite de la catastrophe. Nous ne pouvons pas accepter que le succès dépasse à peine le point de référence limite (PRL). Le MPO doit faire preuve de prudence et privilégier les mesures qui rétabliront l'abondance de ce poisson-fourrage, » a déclaré Jack Daly, Spécialiste des sciences de la mer pour Oceana Canada. « Les poissons-fourrage sont essentiels à la santé des océans. Le capelan nourrit des espèces qui soutiennent le tourisme, comme les macareux et les baleines. Il est aussi important pour la consommation alimentaire et la culture locale, comme le spectacle annuel des rouleaux de capelan. »

Lien avec la morue: La viabilité économique de la future pêche à la morue dépend du rétablissement du capelan comme source de nourriture. Dans la récente évaluation scientifique du MPO sur la morue du Nord, la disponibilité du capelan a été identifiée comme le plus grand facteur entravant son rétablissement. Les populations de morue du Nord et de capelan se sont stabilisées à de faibles niveaux depuis 2017, ce qui signifie que la morue a besoin de plus de capelan pour sa croissance.

La situation en chiffres:

  • Le capelan subit un épuisement critique et de la surpêche depuis 30 ans.
  • La population de capelan ne représente plus que 9 % de son abondance historique.
  • 84 % des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador sont favorables à la suspension de la pêche commerciale au capelan afin de permettre à la population de croître (sondage effectué en avril 2023).
  • 82 % de ces répondants estiment que le gouvernement fédéral devrait en faire plus pour protéger et gérer les populations de poissons comme le capelan, qui alimentent les grands écosystèmes océaniques.
  • La pêche au capelan ne dispose pas d'un marché solide pour être économiquement viable. Seulement 78 % du quota de capelan a été pêché en 2023 et 0 % en 2022.

Ce que nous ne savons pas :
Le capelan ne dispose pas de point de référence supérieur pour déterminer la taille d'une population saine, de plan de gestion et d'autres indicateurs scientifiques pour éclairer les décisions de gestion et soutenir son retour en zone saine. Sans ces informations, le MPO continue de gérer le capelan à l'aveuglette, une tendance qui a permis à la surpêche de perdurer depuis 30 ans.

Historique: Le capelan est pêché dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador et à proximité depuis des centaines d'années, si ce n'est plus, tout d'abord par les Premières Nations et les communautés autochtones, puis par les pionniers qui utilisaient le capelan comme nourriture, appât et engrais. Au début des années 1980, le capelan a commencé à être ciblé pour ses œufs et exporté à l'étranger. Malheureusement, le stock s'est effondré dans le Canada atlantique au début des années 1990, comme plusieurs autres espèces de poissons de fond. Le capelan n’a pas pu se rétablir en 30 ans, en raison de la surpêche et d'une gestion déficiente. Depuis 2021, près de 15 000 tonnes métriques de capelan ont été allouées à la pêche commerciale chaque année, ce qui représente jusqu'à un demi-milliard de capelans femelles et jusqu'à 21 billions d'œufs retirés de l'océan chaque année. En plus d’éliminer les adultes reproducteurs de la population, ce type de pêche entrave la reproduction en réduisant l’apport de nouvelles larves pour la prochaine génération.

Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante faisant partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les campagnes d’Oceana Canada ont notamment contribué à interdire les plastiques à usage unique, mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En rétablissant les océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir. Pour en savoir plus, visitez www.oceana.ca.

Contacts médias: Vaishali Dassani, Oceana Canada, vdassani@oceana.ca, 647-294-3335;
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