Hausse des craintes d’exploitation de la main-d’œuvre dans un contexte de demande accrue de travailleurs migrants au Canada


TORONTO, 15 févr. 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- Une nouvelle étude pointe du doigt la discrimination des employeurs, les conditions de travail dangereuses et les lacunes des politiques publiques dans l’augmentation des risques d’exploitation des travailleurs et travailleuses migrants qui arrivent au Canada.

Le FCJ Refugee Centre et le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes ont publié un nouveau rapport intitulé Ça Se Passe Ici: L’exploitation des travailleuses et travailleurs migrants pendant la pandémie de Covid qui révèle que le statut précaire des travailleurs migrants les rend vulnérables à l’exploitation par les recruteurs et les employeurs. Le rapport résume les conclusions d’une série de discussions de groupe qui ont réuni 77 travailleur·euses migrants en Ontario au début de 2022, avec la contribution de Legal Assistance of Windsor. Il mentionne que de nombreux travailleur·euses migrants ne savent pas qu’ils ont des droits lorsqu’ils travaillent au Canada.

Certains participants ont raconté avoir été exploités dans leur pays d’origine et avoir considéré le Canada comme un endroit où ils pouvaient fuir cette forme d’abus. Ils ont donc été nombreux à s’étonner de voir que le problème est bien réel ici aussi. « Je suis encore sous le choc parce qu’au Mexique, j’ai entendu parler de la traite des personnes, mais je n’ai jamais pensé que je me retrouverais dans cette situation [au Canada]. Je me demandais bien comment on pouvait se retrouver dans des situations pareilles. Puis, ça m’est arrivé, et j’ai compris que n’importe qui pouvait en être victime », a expliqué une des personnes ayant participé au groupe de discussion.

Ce n’est pas la seule conclusion du rapport :

  • les travailleur·euses migrants, en particulier ceux et celles qui travaillent dans le secteur de l’agriculture ou font un travail peu rémunéré, se heurtent à des politiques qui rendent difficiles l’obtention du statut de résident permanent et la réinstallation de leur famille au Canada;
  • les travailleur·euses migrants déplorent principalement le fait d’être séparés de leur famille, suivi des rémunérations peu élevées et de la discrimination des employeurs;
  • la sécurité des travailleur·euses migrants était mise en péril en raison de l’accès limité aux soins de santé et aux tests de dépistage de la COVID-19 ainsi que de leur incapacité à maintenir une distanciation sociale.

Le rapport recommande aux gouvernements fédéral et provinciaux de mettre en place des remparts supplémentaires pour protéger les travailleurs migrants contre l’exploitation. Il appelle plus précisément les gouvernements à :

  • établir des permis de travail ouverts pour tous les travailleur·euses migrants;
  • veiller à ce que les travailleur·euses migrants puissent s’informer de leurs droits avant, pendant et après leur arrivée au Canada;
  • augmenter le financement des services sociaux sur place pour les migrants, notamment la formation linguistique, l’aide juridique, les soins de santé et l’information sur les droits du travail;
  • accélérer la mise en place de la nouvelle politique de réunification familiale du gouvernement fédéral pour les travailleur·euses à faible salaire et agricoles et appliquer cette politique aux familles avec des enfants en bas âge.

« Les travailleur·euses migrants sont essentiels à l’économie canadienne et méritent justice, équité et attention de la part de tous les ordres de gouvernement et des employeurs. Beaucoup d’entre eux sacrifient leur temps en famille pour travailler au Canada. La protection de ces personnes contre l’exploitation ici au pays devrait être une priorité absolue pour nous tous, affirme Julia Drydyk, directrice générale du Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes. Le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités devraient augmenter le financement des organisations communautaires afin de fournir davantage de services sur place aux travailleur·euses migrants à faible salaire. »

En 2022, le gouvernement du Canada a annoncé un changement de cap nécessaire : les conjoints et les enfants en âge de travailler des travailleur·euses migrants pourront s’installer au Canada. Bien que la nouvelle politique réponde à certaines craintes, il faut d’autres mesures pour réduire l’exploitation des travailleur·euses migrants.

« Les travailleur·euses migrants contribuent à combler les graves pénuries de main-d’œuvre qui sévissent au Canada. La demande croissante de nouveaux travailleurs migrants fait augmenter les craintes pour leur sécurité et leur bien-être. Malheureusement, les politiques existantes ne protègent pas les travailleur·euses migrants admis qui sont déjà dans une situation précaire, et elles exposent les nouveaux travailleurs à un risque plus élevé de travail forcé, de discrimination et de conditions de travail dangereuses. Le constat est troublant; les choses doivent changer avant que nous n’accueillions de nouveaux travailleurs migrants », fait savoir Loly Rico, directrice générale du FCJ Refugee Centre.

Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes exploite la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes (1-833-900-1010), un service multilingue confidentiel ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 où les victimes et les survivant·e·s de la traite de personnes, y compris l’exploitation des travailleur·euses, peuvent s’informer sur les plus de 900 services sociaux et juridiques offerts dans tout le pays.

Pour obtenir de plus amples renseignements ou organiser des entrevues :

Aziz Froutan
Gestionnaire des communications
Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes
afroutan@ccteht.ca
647-714-2527

Carolina Teves
Directrice associée, Communication et accès à l'éducation
FCJ Refugee Centre
cteves@fcjrefugeecentre.org

À propos du Centre Canadien Pour Mettre Fin à la Traite Des Personnes:

Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes est un organisme caritatif national qui se donne pour mission de mettre fin à tous les types de traite de personnes au Canada. Nous travaillons avec des intervenants et des organisations idéologiquement proches de la nôtre (organismes à but non lucratif, entreprises, gouvernements, survivants/victimes de traite de personnes) afin de répandre les meilleures pratiques, de recentrer les travaux de lutte menés au Canada et de coordonner les interventions des divers secteurs responsables par l’accès à des réseaux et l’acquisition de compétences spécialisées. Nous gérons la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes au 1-833-900-1010, un service multilingue ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 où on peut demander de l’aide et trouver des services en toute sécurité et confidentialité.

À propos du FCJ Refugee Centre:

Le FCJ Refugee Centre aide les réfugiés et les autres personnes en danger en raison de leur statut d’immigré à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent pour refaire leur vie dans la société canadienne. Nous prêchons l’ouverture et proposons un modèle intégré de protection des réfugiés, d’éducation, d’aide aux travailleurs migrants et de lutte contre la traite des personnes ainsi que des services d’installation des nouveaux arrivés, notamment des refuges pour les femmes et leurs enfants. Nous veillons à ce que les victimes et survivant·e·s de la traite de personnes aient accès à une variété de services psychosociaux (orientation, aiguillage, aide juridique, information sur les options d’immigration, logement approprié, aide à l’emploi).

Travailleur·euses migrants

Le terme « travailleur·euses migrants » désigne les personnes qui ont déménagé au Canada pour travailler, que ce soit leur intention première ou comme moyen de survie. Autrement dit, il s’agit de ressortissants étrangers qui ne sont ni citoyens ni résidents permanents qui viennent au Canada pour y travailler. Les travailleur·euses migrants peuvent entrer au Canada par l’entremise de différents programmes, comme le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui comprend le volet agricole et le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS). Les travailleur·euses migrants comprennent également les personnes qui entrent au Canada par d’autres moyens, notamment en tant que visiteurs, et qui y demeurent sans avoir de statut.

Le travail forcé

Selon le gouvernement du Canada : « Le travail forcé est une forme de traite des personnes qui peut se produire dans différents secteurs d’activité où un trafiquant recrute, déplace ou détient des victimes pour les contraindre à travailler, peu importe le type de travail. » Bien que le travail forcé puisse se produire n’importe où, il est plus courant dans les secteurs qui emploient des travailleur·euses à bas salaires (p. ex. l’agriculture, la prestation de soins, l’accueil, la construction, etc.). Le travail forcé se produit lorsque les employeurs :

• font des retenues sur le salaire et de documents;

• font de fausses promesses au sujet des conditions de travail, des responsabilités ou des voies d’accès à la citoyenneté;

• profèrent des menaces d’expulsion et d’autres sanctions si le migrant se prévaut de ses droits.

https://www.canadiancentretoendhumantrafficking.ca/wp-content/uploads/2023/02/CCTEHT-–-Labour-Trafficking-Report-FRE-1.pdf

Une photo associée à ce communiqué de presse est disponible à l'adresse suivante : https://www.globenewswire.com/NewsRoom/AttachmentNg/cf12be00-9dc7-4008-9eee-7c936dfbc0bd


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