Inventaire botanique du nouveau parc Agguttinni : Une référence pour la conservation du Nunavut


OTTAWA, 12 mars 2024 (GLOBE NEWSWIRE) -- Une équipe de botanistes du Musée canadien de la nature, sous la baguette de Mme Lynn Gillespie, Ph. D., vient de dresser un inventaire détaillé de la flore du parc territorial Agguttinni, le dernier-né et le plus vaste des parcs territoriaux du Nunavut. Situé au nord de l’île de Baffin, ce parc exceptionnel recèle 141 espèces de plantes vasculaires, 69 espèces de bryophytes et 93 espèces de lichens, toutes originaires de l’Arctique.

Grâce à une expédition de recherche minutieuse, menée en 2021, et aussi à l’examen de centaines de spécimens d’herbier, les auteurs ont répertorié les espèces nouvellement signalées dans l’île de Baffin. Ils ont élaboré une base de référence de la biodiversité importante pour la gestion et la conservation du parc.

Cette étude a mené à la publication d’un inventaire extrêmement précieux pour les gestionnaires de parc et les botanistes. Cet inventaire, aussi qualifié en anglais de « check list », regorge de descriptions et de photos utiles à toute personne intéressée par la botanique arctique. On peut le consulter dans la revue scientifique validée Check List.

Le parc territorial d’Agguttinni englobe plus de 16 000 kilomètres carrés de montagnes imposantes, de longs fjords, de vallées luxuriantes et de calottes glaciaires massives. C’est une zone protégée dans le nord de l’île de Baffin, au Nunavut. Ce parc et tout le reste du Nunavut forment l’Inuit Nunangat — la patrie des Inuits du Canada. Ces derniers protègent les sites et la biodiversité depuis des temps immémoriaux.

Agguttinni, en inuktitut, signifie « là où souffle le vent dominant ». Le parc comprend d’importantes zones ornithologiques, des habitats vitaux pour les ours polaires et les caribous, ainsi que de nombreux sites culturels inuits importants. Il est très éloigné : aucune route n’y mène, et l’accès se fait uniquement en bateau l’été, en motoneige l’hiver ou en hélicoptère à longueur d’année.

Pour contribuer au plan directeur du parc Agguttini, Mme Gillespie et son équipe ont répertorié les plantes et lichens qui s’y trouvaient. Cette opération a été menée en collaboration avec Parcs Nunavut, avec l’appui de Savoir polaire Canada.

L’équipe de Mme Gillespie a passé le parc Agguttinni au peigne fin durant cinq semaines de l’été 2021. À partir de quatre campements, les chercheurs ont ratissé le parc aussi bien à pied qu’en hélicoptère. Cette exploration minutieuse leur a permis d’examiner différents habitats s’étendant de la calotte glaciaire intérieure de Barnes jusqu’à la côte de la baie de Baffin.

Les caps des longs fjords, loin à l’intérieur des terres, accueillaient la plus grande diversité végétale du parc, dont de nombreuses espèces rares sur l’île de Baffin et deux espèces que l’on avait seulement répertoriées plus au sud dans le passé : la Diapensie de Laponie (Diapensia lapponica) et la Pédiculaire flammée (Pedicularis flammea). En revanche, le plateau intérieur s’étalant près de la calotte glaciaire était moins diversifié, mais recelait de nouvelles espèces jusque là non répertoriées au Nunavut, telles que le Pilofore sérédié (Pilophorus caerulus), le Faux-dicrane alpin (Kiaeria starkei) et la Branchette dressée (Aongstroemia longipes).

Cette collecte intensive a permis d’intégrer plus d’un millier de nouveaux spécimens à l’Herbier national du Canada conservé par le Musée canadien de la nature à Gatineau (Québec) et à d’autres herbiers à travers le monde. Les spécimens pressés et préservés attestent la présence d’une espèce à un endroit et à une date spécifiques. Ils constituent le fondement de la connaissance de la diversité botanique du parc.

Mme Gillespie et son groupe de recherche ont aussi examiné plus de 300 spécimens d’herbier conservés localement, dont une grande partie avait été recueillie en 1950, lors de la dernière expédition intensive dans l’île de Baffin. En combinant les informations des spécimens anciens et contemporains, les chercheurs ont pu dresser une liste de contrôle annotée, détaillant la diversité des plantes et des lichens du parc. Riche en données sur les espèces présentes, leur répartition et leur rareté, cette compilation apportera un précieux secours aux efforts de conservation et de gestion de cet espace protégé.

À propos du Musée canadien de la nature
Le Musée canadien de la nature est le musée national de sciences et d’histoire naturelles du Canada. Il a vocation à transmettre des idées fondées sur des faits, à procurer des expériences instructives et à favoriser une relation enrichissante avec la nature d’aujourd’hui, d’hier et de demain. Le Musée accomplit sa mission grâce à ses recherches scientifiques, sa collection de 14,6 millions de spécimens et artéfacts, ses programmes éducatifs, ses expositions permanentes et son dynamique site Web nature.ca.

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