Fairtrade inaugure son premier prix-cible pour un revenu vital pour le café de Colombie

Ces nouveaux prix volontaires sont une première étape pour les entreprises et les fermières·ers de café qui cherchent à atteindre un revenu vital en Colombie


OTTAWA, 22 juill. 2021 (GLOBE NEWSWIRE) -- C’est dans le cadre de ses efforts pour atteindre un niveau de vie durable pour les fermières·ers que Fairtrade introduit son premier prix-cible pour un revenu vital pour le café de Colombie, en reconnaissance de l’importance de prix durables et stables comme éléments-clés pour établir un revenu vital en Colombie, annonce aujourd’hui l’organisation internationale.

Ces nouveaux prix volontaires sont basés sur le modèle de prix global de Fairtrade, qui calcule ce dont les fermières·ers colombien.ne.s ont besoin comme revenu pour pouvoir réinvestir dans leurs fermes et pouvoir se permettre un niveau de vie décent, alors que d’autres paramètres-clés comme une grandeur de ferme viable et des récoltes durables sont atteints. Un revenu vital permet à un ménage de fermières·ers d’avoir un hébergement décent, de la nourriture saine, de l’éducation, des soins de santé et d’autres ressources essentielles.

Alors que l’industrie du café génère plus de 220 milliards de dollars mondialement, plusieurs fermières·ers de café vivent toujours dans la pauvreté. Un rapport de la Specialty Coffee Association soulignait l’an dernier combien la volatilité des prix mine la capacité des fermières·ers à survivre aux mauvaises passes, alors que les bas prix provoquent une spirale qui entraîne vers le bas la productivité et les revenus des fermes. Les prix du café, ayant connu leur plus bas en douze ans en 2018-2019, atteignent maintenant des sommets presque records en Colombie, entraînés par une grève nationale et les blocages connexes des ports. Selon l’analyse de Fairtrade, les prix actuels en Colombie excèdent les nouveaux prix-cible pour un revenu vital, mais rien ne garantit leur durabilité, alors que les fermières·ers portent le poids de cette incertitude.

« Un revenu vital est un droit humain - et c’est une précondition à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), » déclare Carla Veldhuyzen van Zanten, conseillère principale au niveau de vie durable de Fairtrade International. « Si cultiver le café ne fait pas de sens, économiquement, pour les fermières·ers, le monde n’aura bientôt plus de café, alors que la nouvelle génération n’est plus intéressée à demeurer sur la ferme. Un prix qui soutient la prospérité des fermières·ers et qui couvrent les coûts de pratiques agricoles durables doit faire partie de l’équation. »

Le prix-cible pour un revenu vital pour le café colombien recommandé est de 9,900 pesos colombiens (équivalent à environ 2,75$ US) par kilogramme de café parchemin sec, et de 11,000 pesos (3,06$ US) par kilogramme biologique. Ces prix prennent en compte les coûts d’implémentation par les fermières·ers des pratiques agricoles requises pour atteindre des niveaux de production durables, et la capacité de payer un salaire vital à la main d’œuvre qui pourrait être employée.

En reconnaissance des différents barèmes de revenu vital disponibles en Colombie, Fairtrade a également défini une échelle de prix-cible pour un revenu vital pour le café colombien. L’échelon le plus bas est établit à 8,570 pesos par kg et 9,500 pesos par kg pour le café conventionnel et le café biologique, respectivement. Fairtrade travaillera avec les entreprises qui s’engagent sur la voie du revenu vital et leurs fournisseurs, afin de déterminer l’échelon de prix qui s’harmonise à leur ambition commune.

Camilo Enciso, fermier et gérant commercial de l’association productrice de café ASOPEP dans l’État de Tolima, est heureux avec les cours actuels des prix sur le marché, mais prévoit des risques dans le futur alors que les prix chuteront.

« Présentement en Colombie, le prix sur le marché intérieur est très bon. C’est près du double de ce que nous avions il y a deux ans. Plusieurs personnes disent : combien de temps ça va durer ? », explique Enciso. « Comment peut-on maintenir ce prix dans le futur ? Si les prix se maintenaient vraiment à ce niveau, nous ferions tellement de progrès. Mais travailler à perte, sans savoir à quel prix nous vendrons, c’est très compliqué. »

Environ 300 fermières·ers de café colombiens, dans neuf organisations productrices certifiées Fairtrade, ont comptabilisé leurs dépenses et leurs revenus sur les fermes pendant un an, en utilisant des instruments développés par Fairtrade et soutenus par son réseau de productrices·eurs régional, CLAC. C'est sur cette base que Fairtrade a déterminé un revenu référentiel et analysé le fossé jusqu’à un revenu vital. Une table ronde multipartite, qui incluait des représentant·e·s des fermes et des expert·e·s de l’industrie du café de Colombie, s’est entendu sur les variables-clés du modèle de prix durable, comme la grandeur de ferme viable, des récoltes durables et les coûts de production connexes. La consultation, un processus d'une durée de six mois, a permis l’harmonisation de points de vue importants, de façon à rendre les prix-cibles réalistes et acceptable pour les fermières·ers.

« Les résultats (de la table ronde technique) sont précieux pour la chaîne d’approvisionnement du café, indépendamment des valeurs exactes, car elles ont mis en lumière la nécessité d’une rémunération juste, pour que les fermières·ers obtiennent un revenu décent, » déclare Mario Villamil, spécialiste en recherche économique à la Fédération nationale du café de Colombie, un participant à la table ronde. La fédération a défini et militait pour des prix qui soutiennent des « revenus prospères » pour les fermières·ers. « Même si le résultat diffère légèrement de nos calculs internes pour le café standard, en raison de minces différences dans nos postulats, cet exercice est très important pour nous, » détermine Villamil.

Les fermières·ers ont acquis une meilleure compréhension de leurs entreprises, grâce à un usage pratique des instruments de comptabilisation. Quelques organisations de production ont déjà déclaré avoir négocié des prix plus élevés dans leurs contrats, sur la base des informations qu'elles peuvent maintenant partager avec leurs acheteurs.

Le prix minimum Fairtrade et la prime sont toujours obligatoires pour toutes ventes de cafés, et procurent un filet de sécurité qui a permis à plusieurs fermières·ers de se maintenir à flot pendant les récentes crises des prix du café. Fairtrade développera des projets de revenu vital avec les entreprises de café et les organisations productrices, pour enfin combler le fossé des revenus inadéquats, en optimisant par exemple les rendements et en améliorant la qualité, et en payant le prix-cible pour un revenu vital.

« Le marché du café est complexe, et nous n’avons certainement pas toutes les réponses, mais c’est avec enthousiasme que nous avons entamé des discussions avec des marques qui souhaitent s’engager sur la voie des projets du revenu et des prix vitaux, d’observer les progrès et de partager les apprentissages, » déclare Veldhuyzen van Zanten, de Fairtrade.

Camilo Enciso, entretemps, entrevoit les futurs partenariats Fairtrade comme un moyen d’assurer la pérennité du mode de vie des fermières·ers.

« Ce serait fantastique si les acheteuses·eurs à la fin de chaîne comprenaient vraiment que c’est ce dont nous avons besoin. Nous vivons dans un pays où il existe plusieurs tentations, où certaines personnes ont d’autres options, parfois plus faciles, pour gagner leurs vies. Par exemple, les cultures illicites, la coca et les graines de pavot. Heureusement, il n’existe pas présentement de culture illicite dans ce territoire-ci, dans le sud de Tolima. Mais nous travaillons fort à ce que le café soit suffisant à faire vivre nos familles. ».

Notes à l’éditeur

Les calculs spécifiques utilisés pour établir les prix-cible pour un revenu vital pour le café de Colombie sont détaillés dans la note explicative disponible ici.  

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