Béluga de Montréal : un comité d'experts recommande de ne pas intervenir


RIVIÈRE-DU-LOUP, QUÉBEC--(Marketwire - 26 oct. 2012) - Un béluga évolue dans le Vieux-Port depuis le 28 septembre. Un comité d'experts vient d'émettre ses recommandations : comme il s'agit d'un incident ayant une cause naturelle, que le sauvetage de cet individu n'entrainerait pas de bénéfices importants pour sa population menacée, et que les risques liées aux interventions possibles sont élevés, les experts recommandent de laisser faire la nature.

Depuis le premier signalement le 8 octobre, ce béluga a retenu l'attention des experts et du public. Il fait l'objet d'un suivi et un comité s'est penché sur ce qu'il convenait de faire : laisser faire la nature ou intervenir pour sauver l'animal?

Ce type de décision est complexe et délicat. Le comité est formé de Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM et sommité sur le béluga, de Véronique Lesage, chercheur mammifères marins à l'Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada, de Stéphane Lair, vétérinaire et directeur du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages, et de Janie Giard, conseillère scientifique au Centre de coordination du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins. Ils ont également mis à contribution d'autres chercheurs et vétérinaires mammifères marins au Canada et aux Etats-Unis.

Ils ont évalué l'état de l'animal, sa possible contribution au rétablissement de sa population menacée et les risques et chances de succès inhérents aux interventions possibles.

État de l'animal

Les observations et les analyses des derniers jours ont permis de déterminer qu'il s'agit d'un mâle âgé de 7 à 14 ans. Il séjourne en eau douce probablement depuis le 14 septembre (un béluga avait alors été signalé à Québec). Le béluga est actif, émet des vocalises, se déplace dans un secteur de 1km2, son comportement laisse croire qu'il s'alimente, il a des périodes de repos et ne s'intéresse pas aux bateaux. Il est très maigre, et cet état est probablement antérieur à son arrivée dans le Vieux-Port. Son séjour prolongé en eau douce pose des problèmes au niveau de la peau et augmente les risques qu'il développe une infection.

Contribution au rétablissement

Pour une petite population animale menacée et présentant le type d'organisation sociale et de stratégie de reproduction qu'on observe chez le béluga, la survie de chaque femelle en âge de procréer peut avoir une grande incidence sur l'avenir de sa population. Par contre, le sauvetage d'un jeune mâle est jugé peu bénéfique du point de vue de la conservation de la population.

Risques et chances de succès des interventions possibles

Plusieurs options ont été évaluées: lui prodiguer des soins sur place, l'attirer ou l'effrayer pour qu'il quitte le Vieux-Port ou le capturer pour le relocaliser dans son habitat normal. Toutes ces interventions comportent des risques pour l'animal (stress et choc pouvant entrainer une détérioration de son état). Seule la capture et la relocalisation ont été jugées envisageables. Cependant, en raison de la condition de l'animal, les chances de succès de cette intervention sont, au mieux, modérées. De plus, une telle intervention soulève la possibilité d'introduire de nouveaux pathogènes dans la population d'origine. Les probabilités d'un tel événement sont jugées faibles, mais ses conséquences, très graves.

C'est sur la base de ces considérations que le comité recommande de ne pas intervenir auprès de l'animal. Le béluga continuera de faire l'objet d'un monitorage par l'équipe du GREMM, afin de suivre son état, de s'assurer qu'il n'est pas déranger par les bateaux et de recueillir des données scientifiques précieuses sur ce cas inusité. Les experts espèrent encore que l'animal repartira par lui-même, avec l'approche de la période de migration vers l'aval du Saint-Laurent. Sa condition est jugée sérieuse, mais possiblement réversible s'il quitte le secteur. À l'inverse, s'il reste en eau douce, l'animal dépérira certainement. Le GREMM continuera à afficher des informations à jour sur le site Internet Baleines en direct.

Renseignements:

Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM/
coordonnateur du Réseau québécois d'urgences
pour les mammifères marins, 418-235-4701
418-235-4701

Stéphane Lair, vétérinaire et directeur du CQSAS
450-773-8521 # 8667

Sylvi Racine, communications
Pêches et Océans Canada
418-648-5474