Le loisir sous l'autorité de la RIO : une hypothèse qui suscite un profond questionnement


MONTRÉAL, QUÉBEC--(Marketwire - 19 déc. 2012) - L'hypothèse de confier le dossier gouvernemental du loisir, présentement sous l'égide du MELS, à une RIO au mandat élargi, tel que le recommande le rapport Bissonnette sur l'avenir du Parc olympique (voir http://www.loisirmunicipal.qc.ca/nouvelles_voir.asp?CodeN=319), a pu causer quelque surprise dans le milieu du loisir municipal. C'était inattendu, du moins n'était-ce pas une avenue à laquelle l'Association québécoise du loisir municipal (AQLM) avait songé ou qu'elle avait évoquée, ni d'ailleurs ses principaux partenaires. « C'est pourtant une proposition qu'il faut regarder attentivement, indique Marie-France Delage, présidente de l'AQLM, mais on peut d'ores et déjà dire qu'elle soulève une série de questions. »

Dans un communiqué publié le lendemain de la publication du rapport, soit le 14 décembre, le Conseil québécois du loisir (CQL) rappelait que « cette hypothèse doit s'inscrire dans le cadre de la modernisation de la politique du loisir et du sport annoncée par le gouvernement en novembre dernier, qui doit être soumise à un processus de consultation ».

Tout en partageant l'avis du CQL, Marie-France Delage croit qu'il faut distinguer l'éventuelle politique de la structure qui pourrait la mettre en œuvre. « Nous avons multiplié les interventions sur la place publique pour définir ce que pourrait être le contenu de cette politique, depuis notre document fondateur paru en 2000 (Loisir, communauté locale et qualité de vie - Fondements d'une politique du loisir au Québec), affirme-t-elle. Juste cette année (2012), nous avons exposé nos idées dans le mémoire que nous avons présenté à l'UMQ dans le cadre de sa démarche de Livre blanc sur l'avenir des municipalités, ainsi que dans le manifeste Ensemble pour un Québec dynamique et en santé! que nous avons élaboré en compagnie de nos grands partenaires nationaux. Je tiens à rappeler à cet effet que l'essentiel du loisir public se joue sur le plan local et que les municipalités sont des intervenants incontournables; elles sont les principaux bailleurs de fonds du loisir public et s'inscrivent comme partenaires de première ligne dans l'ensemble de toute la structure du loisir. »

« Dans les représentations que nous avons faites en vue de la formulation d'une politique du loisir, nous n'avons pas abordé de front la question du maître d'œuvre d'une telle politique. Or, la recommandation du rapport Bissonnette a le mérite de relancer la discussion à ce sujet. »

Le rapport soulève un point important en signalant que les sports et loisirs sont une « simple roue arrière » au sein d'une « machine colossale » (le ministère de l'Éducation). « Quelques investissements ponctuels en infrastructures modestes, annoncés avec quelque bruit, ne doivent pas faire oublier la faiblesse récurrente des crédits budgétaires dans ce secteur », souligne-t-on.

« L'analyse est juste, reconnaît Marie-France Delage, montrant à quel point le loisir est minuscule dans l'ensemble des préoccupations de service public. Et j'ajouterais qu'il a peine, lui-même, à trouver sa place au côté du sport, auquel il est accolé comme par automatisme depuis la nuit des temps. C'est tout le problème de la définition même du champ loisir, dont nous avons beaucoup discuté lors du 5e Forum québécois du loisir en 2011 et de la Conférence annuelle du loisir municipal la même année. »

« De là une première interrogation, poursuit Mme Delage : le loisir, au sens large où nous l'entendons, ne risquerait-t-il pas d'être confiné ou un peu à l'étroit au sein d'une structure affectée principalement au sport? Comment pourraient s'y intégrer les aspects culturels et sociocommunautaires que de plus en plus de services de loisir municipaux considèrent comme des éléments essentiels de leur mission? »

« Certes, il est peut-être important que le loisir trouve un ancrage plus solide que dans un ministère gigantesque où il n'est que portion congrue, surtout s'il y a une politique globale à mettre en œuvre, mais cet ancrage peut-il se situer en périphérie de l'appareil d'État? Une société parapublique peut-elle chapeauter un domaine aussi vaste et ramifié que le loisir à la grandeur du Québec? Le loisir, je le rappelle, est une interface essentielle en matière de développement du territoire, de santé, d'éducation et de solidarité sociale. »

Autre source de questionnement pour l'AQLM, la dimension proprement montréalaise du Parc olympique. « Nous souscrivons à l'idée que le Parc olympique ait une vocation nationale et reconnaissons l'immense attrait touristique que représente cette infrastructure hors du commun, explique-t-elle. Mais il reste qu'on ne peut parler d'une structure accessible à toute la population du Québec. Comment une RIO modifiée, ayant un mandat national de loisir, pourrait-elle concilier sa tâche majeure de vivifier l'environnement particulier que constitue le Parc olympique avec les impératifs d'accessibilité d'une politique de loisir et le soutien de milliers d'infrastructures beaucoup plus modestes seules garantes de cette accessibilité? »

Toutes ces questions - et d'autres sans doute - se posent dans un contexte où le gouvernement semble prêt à s'engager dans la formulation d'une politique de loisir. Il y a donc urgence d'en débattre dès le début de la nouvelle année. Au sein de l'AQLM bien entendu, mais aussi avec tous ses partenaires.

Renseignements:

Association québécoise du loisir municipal
www.loisirmunicipal.qc.ca
Information : Marie-France Delage
819-823-8000, poste 5665